Ma mère était une belle femme qui avait toujours été là pour moi. De mes grands yeux bleu topaze je la regardais avec une admiration infaillible. Elle n'avait subit que la violence conjugale de mon père qui est mort il y a 6 ans maintenant. Je ne m'ennuie pas trop de lui même si une partie de moi s'ennuie car même avec tous les mauvais traitements qu'il avait osé faire, il restait mon père et celui qui était resté proche de moi durant ma jeunesse. Il avait été présent durant les mauvaises passes de mon enfance et lors du début de mon adolescence. Je n'ai rien à prouvé à sa défunte âme. Il mérite autant la mort que la vie. Il était violent car je me souviens aujourd'hui avoir souvent sentie une petite odeur forte proche de son corps. J'étais trop jeune pour m'apercevoir de quoi il s'agissait. Mais aujourd'hui je le sais: c'était l'alcool. Elle broyait les sens mais aussi les manières. Mon père n'avait jamais été véritablement quelqu'un de mauvais mais ses sautes d'humeurs étaient beaucoup plus fréquentes et violentes lorsqu'il buvait. Kareen avait été une femme forte durant toutes ses années d'être restée avec un homme tel que lui. Un homme qui osait lever la voix sur une femme aussi belle, aussi fragile qu'elle. Oui, ma mère est une femme fragile mais aussi une femme forte. Au niveau de l'amour, elle était affaiblie. L'amour la rendait aveugle. Elle croyait tellement en lui, qu'il changerait mais il n'a jamais changé. Ce fut par un cœur meurtrit par tant d’obscénités durant des années qu'elle le regardait du haut des escaliers, noyé dans son sang alors que les morceaux de métal dans l'escalier de bois avaient transpercés son crâne d'un peu partout. La mort n'était pas un passage facile à endurer et le deuil pouvait durer très longtemps. Je savais que pour ma mère il allait durer un bon moment. Elle l'aimait même s'il démontrait de la méchanceté envers elle. Au fond, l'alcool le changeait mais il restait un homme comme la plupart des autres de son sexe. Enfin, il fallait aussi penser à autre chose qu'une personne proche qui est décédée. Après tout, je ne le reverrai jamais et la personne que je devrais consoler c'est ma mère. Mais je rêvais d'aventures et de libertés. Voulant que le meilleur pour moi, Kareen m'avait fabriqué une belle petite bourse pour pouvoir déposer beaucoup de vivres mais plusieurs pièces d'or comme d'argent pour pouvoir payer ce que j'aurais de besoin si jamais je manquais de vivres. Mais grâce à mes talents de dessinatrice et de musicienne, je pourrais peut-être amuser les artisans tout comme les passants pour pouvoir avoir un peu de pièces. Je pourrais acheter un magnifique présent pour celle qui m'a donné la vie en rentrant à la maison.


Le soleil était bien haut maintenant dans le ciel. Je venais à peine d'arrivée. J'étais partie à peine quand l'aube avait osé daigné de montrer ses premiers rayons. La journée s’annonçait belle mais chaude. J'avais ma gourde pleine. J'espérais ne pas en manquer pour être déshydratée. Ma chevelure d'un bleu foncé s'envolait dans un petit vent sec et chaud. Certainement provenait-il du sud. Fermant lentement les paupières, cachant mes yeux d'un bleu saphir, je pris une grande respiration alors que j'appréciais l'air chaud qui passait contre mon corps. Cette barrière qu'il faisait, comment il me contournait en même temps de caresser avec tendresse ma peau. Je sentis quelque chose me frôler la manche de mon chandail. J'ouvrais alors les yeux pour découvrir ce que c'était mais je m'étais inquiété sur le coup pour rien. Ce n'était qu'Aegnor qui s'était rapproché de moi. Cet chimère était mon compagnon de route depuis maintenant 2 ans alors que ma mère n'était pas sûr au début que je pourrais la garder puisque la bête était peut-être trop sauvage pour qu'on puisse risquer de la garder. Mais il était reconnaissant que je lui ai sauvé la vie. Cela m'étonnerait bien qu'il attaque qui que ce soit tant qu'il ne ressent pas de quelqu'un qu'il me veuille du mal. Il était très protecteur envers moi. Sa belle tête de lion. Une queue de serpent dont le bout se termine par une tête de dragon et un corps moitié bouc mélangé on dirait bien avec un peu de cheval, c'était assez impressionnant. Aegnor était même de la grosseur d'un étalon. Je ne voudrais surtout pas me retrouver en face de son crachat de flammes tellement il était puissant. Deux de ces crachats réussissaient à faire fondre le métal. Un non. Mais deux oui. C'était impressionnant. Je ne possédais aucun pouvoir magique mais je me débrouillais forte bien au combat et surtout à me défiler. J'étais très discrète, on ne m'entendais même pas arriver et je suis beaucoup plus rapide d'ordinaire que les autres. Je serais une bonne voleuse mais cela ne me dit pas de devoir voler pour pouvoir vivre. Je préfère gagner honnêtement ma vie comme une simple citoyenne. Je suis fille d'un érudit mais fille de paysanne. Je suis donc bien bas dans l'échelle humaine mais cela ne veut pas dire que je ne vaux pas plus que les autres. Mes valeurs en vaut peut-être bien plus qu'un simple humain qui porte le titre de noble. C'était un sujet à débattre, du moins. J'étais rendue proche de quelque part. Où étais-je donc? Je l'ignorais mais les gens autour de moi avaient l'air bien sympathiques. Pas tous mais la majorité oui. Mais je préférais ne pas juger sur l'apparence et surtout ne pas m'attarder sur leurs paroles. J'étais méfiante envers presque tout le monde qui m'entourait.

Aegnor me suivait discrètement entre les gens qui passaient dans la rue. Mes longs cheveux d'un bleu foncé virevoltaient lentement dans le vent, retombant dans mon dos avec une douceur incomparable. Fermant délicatement les yeux, je prenais une grande respiration afin de pouvoir remplir mes poumons de la douce fraîcheur de l'air du matin. La petite rosée était tombée environs une heure plus tôt et cette douce odeur n'était que des plus délectables. Je savais bien que le métier de bibliothécaire permettait de savoir les passages secrets. Dans la bibliothèque de ma mère, je connaissais tous les passages secrets qui y existaient et qu'elle changeait bien souvent les livres de place tout comme les étagères pour les cacher encore mieux. C'était une bonne tactique pour éviter que tout le monde sache où ils étaient cachés. J'ouvrais maintenant les yeux pour regarder autour de moi. Il était évident que personne n'osait vraiment se lever à cette heure aussi matinale sauf bien sûr pour pouvoir commencer à mettre en marché leurs précieuses marchandises. Certaines d'entre elles valaient bien la peine de se déplacer ainsi que de payer une petite fortune. D'autres d'entre elles ne méritaient en fait qu'un cailloux comme prix. Beaucoup de gens ici possèdent des talents magiques mais moi non. Aegnor pouvait cracher un si long crachat de feu et était-il si ardent que deux de ses crachats pouvaient arriver à faire fondre le métal! Impressionnant, non? Cette chimère possédait une grande tête de lion, une queue à la tête de dragon ainsi qu'un corps de bouc mais sa grosseur égalait un véritable étalon. Je l'adorais. Je lui avais sauvé la vie et c'était pour cela qu'il me suivait partout comme un véritable chien de poche. Je le trouvais néanmoins tout mignon. Mes yeux bleus s'affrontaient d'un face à face véritable avec la couleur bleutée du ciel. Mais le ciel gagnait toujours. Avec un sourire légèrement amusé, je me détournais afin de me diriger vers la bibliothèque. Peut-être trouverais-je quelque chose d'intéressant à lire? Je l'ignorais mais j'avais envie de plonger mon esprit dans une lecture intéressante. Aegnor me suivit donc de son plein gré directement dans l'édifice. Mes doigts fins se déposant contre la serrure de l'endroit, j'ouvris calmement la porte. Faisant entrer ma chimère, je refermais discrètement la porte derrière moi. Cette bibliothèque était immense. M'approchant tout doucement d'une table, j'allais m'y installer lorsque j'entendis mon animal commencer à faire un son étrange. Cela ressemblait un peu comme un grognement et en même temps un sifflement. Les deux têtes étaient sur leur garde. Me retournant soudainement, je faisais face à une femme. Elle était plutôt belle mais elle dégageait quelque chose de mauvais, sournois et mesquin. Que me voulait-elle? Alors que ma chimère était prête à l'attaquer, la femme semblait ne pas vouloir se porter au combat.


- J'aurai besoin d'aide pour retrouver quelque chose dans un tel endroit. Malheureusement je n'arrive pas à retrouver cet objet. Je crois bien que la bibliothécaire change ses passages secrets de place grâce aux étagères. Cet endroit n'est que capricieux. Si vous acceptez de m'aider, je vous récompenserais avec quelque chose que je suis sûre que vous ne pourriez refuser.


De toute manière, si elle m'aurait demandé de l'aide je n'aurais rien demandé en retour. Je n'étais pas quelqu'un d'hypocrite ni d’égoïste. Je préférais aider pour mon propre plaisir et non pas m'engouffrer dans un tel embarras en demandant toujours des choses en retour de mes services. J'étais serviable, c'est tout. Je déposais tranquillement ma main contre la crinière blonde de la tête de ma chimère en lui chuchotant doucement de se calmer. Cette inconnue me demandait simplement de l'aider à retrouver quelque chose dans cet endroit. Si seulement il voyait qu'elle voulait l'attaquer, son crachat de flammes allait tout simplement réduire cette femme à un état de cadavre carbonisé.


- C'est une magnifique chimère que vous possédez, ma chère. Je vous offre un parchemin qui vous donnera la race de ceux qui vous entourera. Mais ce n'est pas tout, il vous donnera aussi le nom de ces personnes. Si vous êtes curieuse ou pour vérifier les menteurs, vous serez bien satisfaite d'accepter mon présent si vous retrouvez ma fiole dans cette bibliothèque.


Une fiole. Je devais trouver une fiole? Et en échange je posséderais un parchemin magique. C'était une chose très intéressante. Je ne possédais aucun don magique mais un tel présent ne se refusait pas! Souriant tranquillement à la sorcière, je partis directement à la recherche de celle-ci. Je connaissais normalement les passages secrets et je pouvais nettement les deviner en connaissant les trucs pour les cacher. Alors que mes mains caressaient lentement quelques livres, je vis un chandelier un peu plus loin. Celui-ci ne semblait pas s'être fait allumé par une flamme depuis plusieurs mois. Je pris sa tête avant de la tourner légèrement vers le droite. Un sourire se reformait sur mes lèvres. Je venais de réussir à trouver un passage secret. Je connaissais ce vieux truc infaillible. Ma mère l'utilisait souvent et puisque je travaillais dans sa bibliothèque quand elle n'était pas là, je devais tout savoir sur les trucs ainsi que des passages secrets. Je m’enfonçais maintenant dans le passage secret qui me mena vers une autre section de livres. Je ne les connaissais pas mais simplement en les regardant je savais que quelque chose d'étrange flottait dans l'air. Du coin de l’œil, je vis quelque chose se refléter contre la lumière du plafond. Je me rapprochais et je vis un petit contenant en verre un peu plus haut. Se pourrait-il que cela soit la fiole en question de cette femme étrange? Regardant autour de moi, je sautais soudainement dans les airs en m’agrippant fermement à la bordure de bois. J'étais très légère. Je ne pesais même pas 50 kg. Mes pieds se déposaient avec légèreté contre les morceaux de bois des étagères. Soudainement, je me propulsais à nouveau. Je ne manquerais certainement pas ma cible. Lorsque j'atteignis l'étagère en question, j'empoignais la fiole d'une main et me propulsant d'un simple salto arrière, je me retrouvais sur mes deux jambes. Merci l'agilité que je possédais! Me retournant vers Aegnor, je lui caressa le dessous de la tête et lui intima de me suivre à présent. Je retournais dans le passage secret pour retourner à l'endroit où j'étais auparavant. Le refermant discrètement, je revins voir la femme. Ou plutôt la sorcière et lui tendit sa fiole. Avec un véritable sourire de ravissement, elle me remit un parchemin.


- Voilà pour toi, jeune fille. Merci de ton aide. Maintenant je dois partir.


Charmante... regardant le parchemin de mes yeux bleus, je souris et partie directement de la bibliothèque. J'étais venue pour lire un livre et j'étais sortie avec une parchemin magique. Drôle de destin.