« Petite Parmi les Grands... » ♪ Depuis toute petite, je suis différente. Je n'arrive pas à faire c'est même chose que les autres, en tout cas pas avec la même agilité. Je m'exprime autrement. Je n'ai pas le même état d'esprit. Enfin, si, mais il m'ait impossible de le dire, et les scientifique affirme que je suis moins intelligente. Comme si je ne les comprenais pas. Pitoyable. Si j'avais pu, j'aurais parlé. Et j'aurais dis que nous ne sommes pas si différents que ça des autres, que nous ne sommes pas plus bêtes. Que nous ne sommes pas des cas à part. Je m'appelle Aurélie, et je suis handicapée. Dans la rue, les gens te regardent en face et se disent « Celle-là elle n'est pas comme nous, elle n'est pas normale. » C'est vrai que j'ai un visage qui n'exprime pas la joie, que je m'exprime avec le langage des signes parce qu'aucun son ne réussit à franchir ma bouche, que je marche comme si je boitais. Cela ne m'empêche pas de me dire « Ceux-là ils n'ont rien d'autre à faire que de s'occuper des affaires qui ne les regardent pas et de se moquer des autres pour montrer leur supériorité inexistante. » Chaque jour il me semble que l'humain tombe de plus en plus bas, et je pense qu'il suffit d'être différent pour remarquer ce genre de choses, car les « normaux » se croient parfaits. Bien sûr tout le monde n'est pas comme ça. Prenez ma mère comme exemple : elle m'aime énormément, elle ferait tout pour que je me sente à ma place. Ce qu'elle ne comprend pas, c'est que j'ai trouvé ma place et je m'y sens à l'aise. D'autres combattent pour que nous, les différents, aient les mêmes droits et la même place que les autres. Mais ils ne se donnent pas la peine de remarquer que beaucoup d'entre nous ne veulent pas avoir la même place que ces misérables, qu'on n'aimerait pas être considéré comme leur égal. Ma vie n’est pas facile tout les jours, je vais vous racontez ma journée la plus difficile. J’avais rendez-vous chez le coiffeur, il allait me couper le peu de cheveux qu’il me restait. Je ne sais pas pourquoi ma mère s’acharne autant à vouloir me les couper. Ils étaient très bien comme ça. Il était déjà presque quatorze heures et demie, et ma mère avait certainement oublié. Tant mieux… Je la rejoignis au salon et m’assit à côté d’elle, elle me regarda, je sentis de la tristesse dans ses yeux, j’en ris presque, si seulement je pouvais lui dire comment je la trouvais ridicule ! Soudain un éclair passa dans ses yeux. Oh non… Elle s’était rappelée ! Quelques minutes plus tard, et on était toute les deux dans la voiture, direction le coiffeur. Lorsque nous arrivâmes, il y avait un groupe de jeunes garçons devant le salon, ils riaient entre eux. L’un d’eux me regarda, en voici un autre qui pense comme les autres… Mais au fond de moi-même, je me dis qu’il n’était pas comme les autres. J’entrai dans le salon de coiffure et m’asseyais sur le fauteuil que la coiffeuse me montrait. Ma mère reçut un appel et demanda à la coiffeuse de l’appeler lorsqu’elle en aura fini avec moi. Elle m’expliqua brièvement qu’il fallait qu’elle aille urgemment quelque part. Je ne m’en souciais guère. Lorsqu’enfin j’avais presque plus de cheveux, elle me laissa sortir attendre ma mère. Le garçon de tout à l’heure s’approcha de moi et me dit « Jamais je n’ai vu une personne aussi charmante. » Il me regarda dans les yeux. Je savais que c’était de nouveau une blague, seulement pour me ridiculiser. Mais quelque chose dans ses yeux me dit que ce n’était pas ça. Il s’approcha encore de moi, je pus sentir son souffle sur mon nez. Je ressentis pour la première fois de ma vie une joie immense. Pour la première fois, j’affichais un sourire à la place de ma quotidienne expression figée. Il mit sa main derrière son dos et fit quelque chose que je ne compris pas. Mais je remarquais que lorsqu’il avait fait ça, ses amis avaient sursauté et mit quelques choses au milieu de leur cercle. Je fronçais les sourcils mais je n'eus pas le temps de vérifier qu’il m’embrassa. Il avait simplement posé ses lèvres sur les miennes, rien de plus. Mais j’en étais contente. J’ouvris les yeux, ses amis était tous contents et distribuait ce qu’il y avait au milieu d’eux. De l’argent ! J’étais peut-être différente, mais je savais exactement ce que c’était un pari. Et c’était la première fois que je m’étais laissée berner. Je me décrochai de son étreinte et, avec la force du désespoir, lui donnai une claque qui retentit bien fort. Je me retournai, ma mère était dans la voiture, choquée. Elle avait suivi toute la scène ! Je ne pourrais plus jamais la regarder dans les yeux. Et avec ça, je perdais le seul geste qui me permettait de ne pas me sentir inférieure. Et c’est là que je me dis. Être différente, c’est bien pour se rendre compte, mais être « normale » c’est mieux pour s’exprimer et le dire. WRITE BY MEL'